L' après coronavirus : faut-il relancer ou liquider sa société ?
Le guide complet pour prendre les bonnes décisions dans la crise post-Covid
La crise économique et sociale liée au Coronavirus dépasse, de l’avis de tous les économistes, l’ampleur du Krach de 1929 : c’est un bouleversement tel que le monde n’en avait pas connu depuis plus de 150 ans. Les chiffres donnent, il faut dire, le vertige : pour COFACE, filiale de Natixis, les prévisions de faillites d’entreprises atteignent des sommets inégalés, au-delà des 25%. Une entreprise sur quatre va fermer ses portes dans les économies occidentales. Attention, néanmoins, ce chiffre mérite d’être nuancé : il concerne davantage l’économie américaine que celle d’Europe de l’Ouest, où les experts évaluent plutôt le pourcentage de défaillances d’entreprises entre 15 et 20% selon l’optimisme du scénario retenu.
Face à un tel tsunami, quelle attitude adopter ? Voilà la question que se posent nombre d’entrepreneurs à travers le monde. Tout le monde n’est bien sûr pas logé à la même enseigne. On ne traverse pas une telle crise de la même manière selon la taille de l’entreprise : une jeune maison d’édition ne connaît pas les mêmes problématiques qu’un groupe international. Ni selon son secteur : les chaînes de valeur sont très différemment impactées, avec de grands écarts par exemple entre le tourisme et la restauration en très grande difficulté et certaines valeurs technologiques ou pharmaceutiques dont le cours bondit en bourse depuis le début de la crise.
En tout état de cause, si “gouverner c’est prévoir”, on peut clairement considérer qu’”entreprendre c’est réagir”. La qualité essentielle à posséder et à cultiver dans ces périodes de crise massive est la réactivité, la sérénité dans l’analyse du marché et l’anticipation des évolutions économiques et commerciales les plus probables. Il semble désormais évident que la France, comme la plupart de ses voisins européens, entre dans une période marquée par la déflagration de la récession actuelle, une demande et une consommation en berne, avec un effet dépressif sur l’activité. Pour autant, si le tableau général paraît sombre, il convient surtout de se poser les bonnes questions pour sa propre entreprise. Quelles sont les perspectives du marché sur lequel j’évolue ? Quelles aides peuvent être obtenues dans les mois qui viennent ? Où en sont mes client, fournisseurs, concurrents ? Quels changements impliquent les mesures sanitaires anti-COVID pour mon entreprise, ses salariés et ses clients ?
A l’aune des réponses, il faudra prendre une décision et répondre à la grande question : stop ou encore, dois-je tout faire pour relancer mon entreprise ou au contraire limiter au maximum les effets de la crise et dissoudre ma société ? Le cas échéant, quelles sont les coûts et les démarches pour liquider une société ? Dans une période complexe, ce guide est réalisé pour simplifier la vie des entrepreneurs et apporter toutes les solutions les plus efficaces à des questions souvent difficiles à affronter. Voici quelques conseils décisifs pour surmonter la crise !
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Bien s’informer pour bien décider
Disposer d’une vision macroéconomique de la situation post-COVID ne permet pas de prendre les décisions les plus précises et les mieux adaptées à la réalité particulière de chaque entreprise. Plus que jamais, les circonstances exigent de faire du sur-mesure dans la gestion d’une société ou d’une entreprise individuelle. Par exemple, savoir que près de 40% des établissements de restauration et débits de boissons pourraient cesser leur activité est certes important, mais ne dit rien du bassin économique précis, du quartier, des clients réguliers d’un restaurant, tous éléments pourtant décisifs dans son succès. Il est donc absolument vital de collecter de l’information avant de décider des orientations stratégiques vitales pour l’entreprise. Il existe 5 types d’informations cruciales à recueillir.
1.1. Les aides publiques et règles en vigueur
C’est peut-être l’information la plus importante en ce moment. Les règles légales et administratives liées directement au Coronavirus, depuis la gestion de l’accueil du public jusqu’à la gestion des ressources humaines dans l’entreprise, sont légion. Les connaître permet de ne pas les enfreindre bien sûr, et de ne pas s’exposer à d’éventuelles sanctions de l’administration. Mais aussi de bénéficier de dispositifs allégeant certaines contraintes, par exemple sur la durée légale du travail. Surtout, comme nous le détaillons ci-dessous, le Gouvernement a déployé un éventail de soutiens aux entreprises qu’il serait dommage d’ignorer, tant la survie de nombreuses structures se joue dans les prochaines semaines.
1.2. Les études de marché
La crise du COVID a totalement bouleversé la structure du marché. Les hypothèses sur lesquelles le business plan et les perspectives de l’entreprise étaient construits sont donc désormais caduques et appartiennent à un temps désormais révolu. Pour ces raisons, il est précieux de réaliser, autant que faire se peut, une nouvelle étude du marché pour en établir un état des lieux réaliste. Cela peut permettre de modifier son activité en fonction des nouvelles attentes des prospects, ou tout simplement d’y mettre un terme lorsqu’il apparaît que la demande est durablement en berne.
1.3. L’avis des clients
Plus précis encore que les études de marchés, l’avis des clients est absolument incontournable. Ils sont le meilleur indicateur sur les perspectives de redémarrage de l’activité. Il ne faut pas hésiter à les consulter via des questionnaires spécifiques, voire en les contactant personnellement dans le cas de clients fortement fidélisés. Les réseaux sociaux, notamment par le biais de stories Instagram, permettent de connaître en temps réel leur opinion sur tel ou tel aspect de votre activité et de mesurer l’adhésion qu’ils lui portent. Comprendre leurs attentes, elles aussi impactées par le confinement et la crise économique, est décisif pour la suite. Cela permet aussi de faire un bilan précis de certaines initiatives ou innovations : les clients désirent-ils continuer à commander en drive ? Sont-ils satisfaits des délais, du packaging, de tel service à distance ?
1.4. La veille sur la concurrence
Garder un oeil sur la concurrence est consubstantiel au métier d’entrepreneur, même si l’essentiel est de proposer la meilleure offre à sa propre cible. Dans cette période de défaillances massives d’entreprises, comprendre l’attitude des concurrents permet aussi de prendre une décision mieux éclairée. Par exemple, il est recommandé de consulter les annonces légales pour connaître d’éventuels changements de dirigeants, de siège social et surtout d’éventuelles liquidations d’entreprises qui évoluent sur le même marché que la vôtre.
1.5. L’information “informelle”
Il s’agit de toute l’information glanée par le bouche-à-oreille, par tel fournisseur que l’on peut avoir en commun avec un concurrent direct, par tel loueur de baux commerciaux qui indique les fins d’activité ou au contraire les nouvelles entreprises qui apparaissent localement, ou encore par tel salarié d’un concurrent en recherche d’emploi avant un licenciement annoncé. Il ne faut négliger aucune information qui permet d’ajuster au mieux sa propre activité. Il est plus aisé par la suite de faire ses choix. Last but not least : un chef d’entreprise bien informé est un chef d’entreprise plus actif, qui n’est plus tiraillé par l’angoisse légitime de l’inconnu. Plutôt que de se laisser envahir par une situation déprimée et déprimante, s’informer permet de se placer dans une démarche proactive et positive.
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Quelles aides aux entreprises lors de la crise sanitaire ?
Liquider sa société ou dissoudre sa société est un acte qu’aucun entrepreneur n’accomplit de gaieté de coeur. C’est une dernière extrémité qui peut être évitée notamment en utilisant de façon optimale les dispositifs exceptionnels de crise mis en place par le Gouvernement et divers autres acteurs. Il est d’autant plus recommandé de se renseigner que ces dispositifs peuvent permettre de disposer des fonds de roulement nécessaires à absorber le choc du confinement et des pertes qui y sont liées. Attention néanmoins, leur périmètre a changé depuis la fin du confinement et il convient de vérifier l’éligibilité de l’entreprise aux divers mécanismes de soutien.
2.1. Les aides directes
Le Fonds de solidarité est incontestablement l’aide la plus remarquée de la crise du COVID: il s’agit d’une dotation de 1500 euros reconduite en juin, avec pour critère une baisse de chiffre d’affaires au moins égales à 50%. Elle a été progressivement adaptée et élargie, concernant les groupements agricoles comme les GAEC par exemple ou même des entreprises en situation de redressement judiciaire. Pour ce qui concerne les grandes voire très grandes entreprises, il est à noter que les aides publiques directes sont assorties de certaines conditions, comme l’interdiction de verser des dividendes cette année. Dans les cas exceptionnels, comme celui d’Air France, ces aides sont mêmes soumises à une obligation de modification de l’activité orientée vers le développement durable, avec la suppression des vols vers des villes séparées par moins de 2h30 de train et non liés au hub de Roissy Charles de Gaulle.
2.2. Report des dettes fiscales, de cotisations sociales, des loyers et factures
Diverses charges tout à fait significatives dans la vie d’une entreprise sont susceptibles d’être reportées de manière à ne pas asphyxier la structure qui a souvent dû rester inactive pendant tout le confinement. Les modalités de paiement des acomptes d’impôts sur les sociétés ou de contribution sur la valeur ajoutée des entreprises sont assouplies. Les cotisations sociales, y compris en juin, peuvent voir leur règlement reporté. De plus, le président de la République a annoncé un “droit au délai” dans le paiement des factures d’électricité, eau, gaz, etc, pour les entreprises éligibles au Fonds de solidarité. Il est en outre tout à fait possible de négocier des délais dans le remboursement des emprunts auprès des banques, tout comme des loyers auprès des bailleurs. De même, sont allongés les délais d’exécution des différents marchés publics. Pour des prestations auprès d’un acteur privé, en cas de désaccord il est possible de saisir le Médiateur des entreprises, par exemple lorsqu’un fournisseur exige un règlement immédiat ou qu’un client exige l’exécution immédiate et parfois impossible du contrat.
2.3. Les plans sectoriels
Pour bénéficier pleinement des mesures gouvernementales en faveur de la relance de l’économie, il est aussi conseillé de vérifier si l’on appartient à un secteur qui fait l’objet d’un plan spécifique. C’est le cas par exemple de l’automobile bien sûr, mais aussi du Tourisme. Les entreprises de tourisme peuvent demander pendant une durée prolongée les prêts garantis par l’Etat, calculés sur leurs trois meilleurs mois de 2019. Elles pourront aussi utiliser pendant une durée prolongée le Fonds de solidarité ou encore les dispositifs de chômage partiel et d’exonération de charges sociales. De manière plus générale, les prêts garantis par l’Etat peuvent être décisifs dans le maintien de l’activité, tout comme par exemple le report des loyers et redevances d’occupation du domaine public. Des investissements massifs de plusieurs milliards d’euros sont prévus pour soutenir la filière, il est donc essentiel de consulter régulièrement les informations du ministère du Tourisme et des collectivités territoriales impliquées : mairies, conseils départementaux, conseils régionaux...
2.4. Les plans locaux et les autres aides
Il existe, à bien y regarder, une myriade d’aides qui permettent d’amoindrir l’impact de la crise du Coronavirus sur les finances de l’entreprise. L’Assurance-Maladie peut prendre en charge une partie des dépenses liées aux mesures de précaution sanitaires en entreprises, comme l’achat de masques, de gel, etc...Les collectivités territoriales sont en première ligne avec des dispositifs spécifiquement pensées pour les entreprises de leur territoire : la Ville de Paris par exemple, a mis en place des exonérations de frais de stationnement ou de droits de terrasse, la Région Ile-de-France a créé le dispositif “Objectif reprise” ouvert aux associations et aux entreprises de moins de 250 salariés, et la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Paris a même mis en place une cellule de mise en relation avec un soutien psychologique pour accompagner les entreprises.
C’est bien à l’aune de tous ces dispositifs et d’une information bien établie qu’il convient de prendre la décision de poursuivre ou non son aventure entrepreneuriale. Sans se décourager mais avec lucidité, en cas de poursuite. Sans regret d’avoir omis une solution possible, en cas de dissolution ou de liquidation de l’entreprise. Voici, dans ces deux hypothèses, quelques conseils pratiques.
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Cinq conseils pour relancer son entreprise avec succès à l'après coronavirus
Voici l’hypothèse que chaque entrepreneur souhaite bien sûr privilégier : poursuivre son activité et la développer pour renouer avec le succès ou l’atteindre. L’analyse de la situation est faite : les perspectives de développement et les moyens nécessaires, tant humains que financiers, sont bien évalués et le choix de se relancer est pris en connaissance de cause. En dépit de l’incertitude qui règne sur les prochains mois, c’est un superbe défi qui mérite d’être relevé, a fortiori si une équipe compte sur le chef d’entreprise. Le plus dur commence, bien sûr, mais avec beaucoup de travail et un peu de méthode, il n’y a aucune raison pour que les concurrents parviennent à se remettre à flots et pas soi. C’est une nouvelle aventure qui commence avec la même entreprise, mais dans un contexte profondément remodelé. Quels sont les bons réflexes pour se donner toutes les chances de réussir ?
3.1. Faire le bilan du COVID...et avant
Evaluer le secteur, le marché, les perspectives, est un passage obligé...mais c’est aussi le moment de réfléchir plus que jamais aux points forts et aux points faibles de votre entreprise. La vie d’entrepreneur est une course qui laisse rarement de la place à un travail de réflexion nécessitant disponibilité et temps. Pourquoi ne pas saisir l’opportunité de véritablement s’interroger sur ce qui mérite d’être amélioré dans l’organisation de l’entreprise, dans son budget, dans ses relations clients et fournisseurs. C’est un exercice d’introspection parfois difficile, qui exige de l’humilité pour comprendre quelles erreurs peuvent être évitées à l’avenir et quelles réussites peuvent être dupliquées.
3.2. Assumer les décisions difficiles
Dans l’expression “chef d’entreprise” il y a notamment le mot “chef”. Et un chef est fait pour cheffer, ce qui signifie que c’est à lui que revient de prendre et d’assumer les décisions parfois délicates, voire injustes, comme le licenciement d’un collaborateur ou la réduction d’un avantage accordé jusque-là. Lorsque la survie de l’entreprise est en jeu, et avec cela le maintien de l’activité et parfois de plusieurs emplois, il faut savoir prendre la moins mauvaise décision. L’essentiel est d’être capable de maintenir dans l’entreprise un niveau de dialogue suffisant pour conduire le changement dans cette période difficile. Avec du dialogue et un plan cohérent présenté aux salariés, il est même souvent possible d’obtenir leur adhésion à la réorganisation de la structure.
3.3. Changer
Le confinement, suivi par un déconfinement progressif, a certes donné aux consommateurs le désir de retrouver leurs habitudes “d’avant”, mais toutes les études et sondages indiquent également une forte aspiration au changement. De plus, en période de forte destruction/création d’entreprises, l’innovation joue un rôle tout à fait particulier. Les entreprises capables de se distinguer par une offre originale et bien pensées augmentent leurs chances de succès. Pour certains commerces, il s’agit de pérenniser la livraison à domicile ou la commande en ligne. Pour certains restaurants, cela se résume à un changement profond et soigneusement préparé de leur carte. Pour d’autres entreprises, la mise sur le marché de nouveaux modèles, aux côtés de valeurs sûres déjà appréciées des clients récurrents, peut être une excellent manière de marquer son style.
3.4. Anticiper
Le mot revient en boucle, c’est dire son importance : il est véritablement vital de réfléchir sur le moyen terme et pas seulement sur le court-terme, ni sur le long-terme dont on ne sait finalement pas grand-chose. Par exemple, si le principal équipement culturel du quartier (théâtre, cinéma, salle de concert…) ne parvient pas à se relancer, il est inutile d’envisager une activité indexée sur sa fréquentation. Plus positif : il faut sérieusement réfléchir à toutes les opportunités à saisir dans cette séquence inédite du COVID19. C’est le moment de penser sa croissance externe éventuelle avec la reprise d’un concurrent. Ou encore de préparer la possibilité d’un reconfinement dans les mois à venir, avec l’anticipation de services à fournir ou de biens à vendre dans un futur proche, comme des prestations en ligne par exemple.
3.5. Prendre des vacances
Cela peut paraître surprenant mais c’est un conseil primordial : il faut trouver du temps pour soi, pour ses proches et son équilibre personnel. Le confinement est en soi un trauma psychologique, doublé pour de nombreux entrepreneurs par des phénomènes d’angoisse et d’appréhension face à un avenir économique inconnu. Or, il est très malaisé de diriger une entreprise lorsqu’on ne possède plus la plénitude de ses capacités, de son moral et de son engagement. Après le redémarrage de son entreprise, il faut réussir à dégager quelques jours pour se ressourcer et retrouver l’énergie indispensable à l’entrepreneuriat. Ce peut être l’occasion de réfléchir à l’avenir de l’entreprise, de découvrir de nouveaux modèles à créer ou importer, de s’offrir la respiration personnelle qui permettra de donner un second souffle à la société.
Relancer son entreprise représente véritablement un nouveau départ, avec certes des moments de découragement ou d’inquiétude, mais aussi l’opportunité de repenser, réinventer et réussir son activité. C’est une phase délicate pendant laquelle il faut limiter au strict minimum les erreurs stratégiques, mais qui permet aussi d’innover et de préparer l’avenir de l’entreprise. Tout le monde ne possède pas, cependant, la foi de l’entrepreneur qui traverse le désert économique avec un objectif précis. Face aux obstacles, ou juste devant l’impossibilité de faire repartir l’activité, certains dirigeants d’entreprises doivent plutôt opter pour la dissolution et la liquidation anticipées. Ce sont des procédures qui exigent aussi de la méthode et de la rigueur. Elles provoquent, avant le terme initialement envisagé, la disparition de l’entreprise et doivent donc être menées selon des règles précises. Vous trouverez ci-dessous nos conseils pour dissoudre une entreprise et liquider une entreprise par anticipation en respectant scrupuleusement toutes les obligations légales et réglementaires. Comme vous le constaterez, il ne faut en négliger aucune sous peine d’y consacrer d’importants moyens humains et financiers, voire d’encourir des sanctions administratives, fiscales, voire pénales.
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Dissoudre sa société et liquider sa société
Vos calculs sont faits et vous avez pris votre décision : vous ne souhaitez pas poursuivre l’aventure entrepreneuriale avec cette structure. Sa viabilité ne vous paraît plus assurée, un ou plusieurs de vos associés sont absorbés ailleurs, les pertes s’accumulent, le marché est atone : il existe une multitude de causes qui peuvent légitimement mener à ce choix difficile. Il importe dès lors d’agir de manière à respecter toutes les formes pour mettre un terme à l’existence de l’entreprise : cette procédure porte le nom juridique de liquidation. La liquidation est parfois confondue avec la dissolution mais il s’agit de deux opérations distinctes et successives: la liquidation, lors de laquelle le bilan définitif de la société est réalisé, est postérieure à la dissolution, qui met un terme à la personnalité juridique de l’entreprise. La crise du COVID n’a bien sûr aucune influence sur ces deux notions juridiques anciennes et installées, elle peut néanmoins dans la pratique rallonger les délais de traitement dans les différents services administratifs. De manière générale, dissoudre sa société et liquider sa société peuvent représenter des opérations relativement lourdes, qui rendent nécessaire l’intervention de professionnels du droit, de la comptabilité et de la fiscalité. Cependant, il est possible de réaliser de nombreuses opérations de façon simple et rigoureuse.
4.1. Dissoudre sa société : quelles démarches ?
Les entreprises sont, pour l’immense majorité, des personnes morales de droit privé. Elles jouissent de la personnalité juridique. Elles possèdent une raison sociale ou dénomination sociale, un siège sociale, des représentants, etc. Lors de la dissolution, c’est cette personnalité juridique qui va disparaître. En l’occurrence, dissoudre son entreprise après la crise du Coronavirus est une possibilité offerte aux dirigeants de la société. Néanmoins il faut noter que ce n’est pas la seule raison pour laquelle une entreprise peut s’éteindre: son objet social a pu se réaliser, ou bien les associés ont pu prévoir sa dissolution en cas de mauvais résultats financiers, ou encore elle peut arriver au terme prévu dans les statuts qui régissent son fonctionnement et son existence. Les statuts régissent aussi, la plupart du temps, les modalités de sa dissolution, il importe donc de les consulter lorsqu’on souhaite dissoudre une société.
4.1.1. Dissolution : qui prend la décision ?
Pour dissoudre une entreprise, il est indispensable que les organes dirigeants de la structure soient consultés au préalable : c’est l’assemblée générale extraordinaire qui en général est habilitée par les statuts à prendre une décision aussi irréversible que la dissolution de la société. Cette assemblée générale très particulière doit donc être convoquée dans les formes et dans les délais, notamment avec des contraintes de quorum. Pour autant, certaines formes rendent plus souple la procédure de dissolution. C’est le cas par exemple des sociétés par actions simplifiées (SAS) connues pour leur immense souplesse de fonctionnement (quand la SARL, notamment, est plus patrimoniale et familiale.
4.1.2. L’obligation de publicité légale
Toutes les étapes de la vie d’une entreprise donne lieu à des formalités de publicité légale. Concrètement, qu’est-ce-que cela signifie ? Cela signifie que lors de sa création, ou de modifications importantes (son nom, son siège social, son capital social, etc), ses dirigeants ont l’obligation de rendre publique cette décision. Pourquoi ? Avant tout pour protéger les intérêts des tiers : créanciers, administrations, concurrents, fournisseurs et parfois même des associés et des salariés. C’est une transparence qui permet à chacun de faire valoir ses droits.
La dissolution de société n’échappe évidemment pas à cette règle essentielle du droit applicable aux entreprises. C’est un acte majeur qui doit faire l’objet d’une information au plus grand nombre. Pour cela, il est obligatoire de publier une annonce légale de dissolution de la société. Une annonce légale est une publicité diffusée dans un journal d’annonces légales (ou JAL). Les JAL sont des publications très diverses mais toutes agréées par le préfet au nom du Ministère de la Communication. Il peut s’agir de publications professionnelles (agricoles, BTP…) ou encore de presse quotidienne régionale ou presse hebdomadaire régionale. L’annonce doit paraître dans le ressort administratif où se situe le siège social, et les établissements secondaires le cas échéant, de l’entreprise.
A noter qu’il peut être complexe de rédiger le texte de l’annonce légale. En cas d’erreur les conséquences peuvent être particulièrement lourdes: la décision prise ne sera pas opposable aux tiers, et il faudra corriger l’annonce initiale avec une annonce rectificative, voire en publier une nouvelle. Grâce au Légaliste, il est possible d’économiser du temps et des tracas administratifs en utilisant les formulaires de rédaction assistée: en outre, le site recherche lui-même les journaux d’annonces légales les plus pertinents et les moins onéreux de la zone visée.
4.2. Liquider sa société : l’heure des comptes
Une fois publiée l’annonce légale de dissolution peut commencer une nouvelle étape de la disparition de l’entreprise : sa liquidation. Il est indispensable de se munir d’un précieux sésame (fourni par voie électronique lorsque vous utilisez le site du légaliste): l’attestation de parution de l’annonce légale de dissolution de la société. Lors du dépôt du dossier auprès du greffe du tribunal de commerce ou du Centre de formalités des entreprises (CFE), cette attestation sera systématiquement exigée et doit correspondre parfaitement aux informations de la société.
4.2.1. Le rôle du liquidateur
A partir de la dissolution est désigné un liquidateur, dont le nom doit d’ailleurs figurer dans le procès-verbal de dissolution et dans l’annonce légale qui est publiée dans la foulée. Le rôle de ce liquidateur est central, puisqu’à compter de ce jour, les dirigeants de l’entreprise n’ont plus aucun pouvoir de décision : seul le liquidateur peut agir en justice, exiger le paiement de certaines créances ou au contraire régler celles dont l’entreprise doit encore s’acquitter. Pendant toute la durée de son mandat de liquidateur, il va s’employer à mettre les dernières affaires de la société en ordre : calculer le passif, les actifs de l’entreprise. Puis distribuer l’éventuel boni ou mali qui en résulte aux différents associés ou actionnaires. Ensuite, il est nécessaire d’entériner une dernières fois les comptes de clôture de l’entreprise et d’annoncer la liquidation définitive de l’entreprise par voie d’annonce légale.
4.2.2. En cas de non-respect des règles de dissolution et liquidation
L’éventail des sanctions en cas de non-respect des règles de dissolution et de liquidation est extrêmement large, c’est pourquoi il est indispensable de faire preuve de la plus grande diligence. Une erreur de bonne foi dans une annonce légale n’entraînera que l’impossibilité de l’opposer à des tiers. En revanche, des fraudes aux obligations fiscales et sociales peuvent entraîner de graves poursuites et des redressements. Autre cas : la non-déclaration d’une situation de cessation de paiement dans les jours qui la suivent peut amener un juge à prononcer une interdiction d’exercer des fonctions de chef d’entreprise pendant une durée déterminée. Quant aux conflits entre associés, ou entre l’entreprise personne morale et l’un de ses dirigeants, ils peuvent autant se régler devant les juridictions civiles que devant les juridictions pénales par exemple en cas de malversations avérées.
Ces procédures de dissolution et de liquidation sont des engagements lourds pour des chefs d’entreprises déjà durement éprouvés par la pandémie et par la crise qui s’en suit. Bien sûr, pour les entrepreneurs individuels ou les microentrepreneurs, les démarches sont moins complexes et peuvent se réaliser très rapidement. De même, certains outils juridiques comme la Transmission Universelle de Patrimoine (TUP) ou la fusion-absorption, permettent d’économiser un temps précieux lors de la fusion de plusieurs structures, parfois utile pour faire face à la crise.
La période post-COVID est pour de nombreux chefs d’entreprises un moment tout aussi stressant, voire davantage, que la période de confinement. Se faire accompagner peut procurer de la sérénité et un avantage décisif dans une crise économique sans précédent. En tout état de cause, de nombreux services publics ou parapublics (préfectures, URSSAF, assurance-maladie, se montrent compréhensifs sur les délais dans les formalités à remplir. Il ne faut pas hésiter à se rapprocher de ses interlocuteurs habituels, qui ont une connaissance plus précise et plus étendue des différents dispositifs d’aide aux entreprises. Dissoudre son entreprise et liquider son entreprise ne sont jamais des actes faciles à réaliser, ils offrent néanmoins une expérience entrepreneuriale tout à fait significative, et très souvent incontournable pour réussir à long terme dans les affaires. L’histoire de la création d’entreprises est jalonnée d’échecs qui sont en réalité des opportunités d’apprendre. La période qui s’ouvre sera aussi marquée par de nouveaux modes de consommation, de déplacement, de loisirs, qui seront autant de terrains fertiles à la création d’entreprises. Comme le disait l’ancien président d’Afrique du Sud N.Mandela : “je ne perds jamais: soit je gagne, soit j’apprends”.